Présentation

L'histoire commence au printemps 1990, lorsque je reçois un coup de téléphone de Sylvie Granger, en thèse d'histoire à l'Université du Mans. Comme j'ai eu la chance d'enregistrer plusieurs C.D. de musique française baroque pour la flûte lors du boom du Compact Disc des années 85, elle m'a facilement trouvé à partir du bac des disquaires.

Elle me raconte donc que des ALLAIN-DUPRÉ ont été des artistes réputés au 18ème siècle au Mans, et que notamment un Jean-Baptiste était l'auteur d'un opéra APPOLLON ET CYRENE dont le manuscrit est conservé à la Bibliothèque de Tours. Les recherches de Sylvie Granger ont depuis été publiées sous la forme d'un notice historique passionnante "Musiciens dans la ville 1600-1850" que je vous recommande .

J'interroge ma famille, et il se trouve que mon oncle Robert ALLAIN-DUPRÉ a rédigé à la main une histoire de la famille. J'apprends alors que ce Jean-Baptiste (1739-1822) est mon arrière-arrière-arrière grand-père, et que par un hasard de la généalogie familiale, ses seuls descendants sont les cinq enfants de son arrière petit-fils Eugène-Emile ALLAIN-DUPRÉ (1870-1916), mon grand-père paternel décédé à la guerre de 14. Mes oncles et tantes Hélène Salaün, Berthe Porcher, Agnès Froidevaux, Robert ALLAIN-DUPRÉ et mon père Xavier ALLAIN-DUPRÉ forment la seule branche à encore porter ce nom de famille double ALLAIN-DUPRÉ. En effet Pierre Allain, père de Jean-Baptiste et maître à danser, avait ajouté à son patronyme celui de Dupré, peut-être pour faire croire à un lien avec le danseur réputé de l'Opéra de Paris Louis Dupré, né en 1697.

Enthousiasmé par cette découverte, je vais à Tours voir le manuscrit d'APPOLLON ET CYRENE, daté de 1771, conservé à la bibliothèque municipale. Cette partition se révèle être de grande qualité.
Dix ans de travail, pour la faire connaître, l'éditer en partition moderne et en donner une première exécution en juin 2001, me conduisent à créer un site Internet APPOLLON ET CYRENE pour une meilleure diffusion de l'oeuvre.

D'autres oeuvres de Jean-Baptiste existent-elles?
Nous supposons qu'en tant qu'organiste, il improvisait sa musique plus qu'il ne l'écrivait.
De plus si quelques manuscrits subsistaient à Saint-Martin de Tours, où il exerçait la fonction de Maître de Chapelle, ils auraient été détruits à la Révolution, en même temps que l'église, transformée en écurie, et que son orgue magnifique Lefevre-Cliquot.
Il y avait donc peu d'espoir de trouver d'autres de ses oeuvres.

Jusqu'à ce jour de printemps 2005 où je reçois un e-mail de la Librairie DECHAUD, signé de Jean-Marc DECHAUD, membre du SLAM (Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne) :

Donc il y a des matins où l'on se frotte les yeux, où l'on se demande si on rêve encore!

Après ceux sans qui je n'aurais pas réalisé ce site Internet sur l'opéra de Jean-Baptiste :
-Sylvie Granger, historienne mancelle, qui m'a fait découvrir ce patrimoine familial,
-Nicole Dinzard, de la bibliothèque de Tours, pour son accueil bienveillant,
-André Collomp, pour son extrême méticulosité dans l'élaboration de la partition d'Appollon,
-Hervé Niquet, pour ses conseils précieux et aussi ses encouragements,
-Laurence Boulay, pour sa relecture vigilante de la partition et des chiffrages d'Appollon,
-Tous mes parents et cousins, descendants directs de Jean-Baptiste, qui m'ont encouragé et aidé financièrement dans la réalisation de cet ouvrage, notamment Elisabeth Allain-Dupré, Didier Allain-Dupré et Michel Salaün,
je tiens donc à remercier particulièrement Jean-Marc DECHAUD pour son bon réflexe et son honnêteté. En effet quelle facilité que de vendre sans états d'âme cette oeuvre originale à un collectionneur anonyme, plutôt que de la proposer aux héritiers de Jean-Baptiste.
Grâce à son offre, nous pouvons donc apprécier et faire connaître cette oeuvre.

En effet le Grove Dictionnary of Music ou le RISM (répertoire international des sources musicales antérieures à 1800) ignorent notre ancêtre compositeur.
Puissent ces sonates Opus 1 le faire redécouvrir!

Outre ces 6 sonates, Dupré semble n'avoir fait imprimer qu'un 2^nd recueil de six sonates pour clavecin et violon. (Paris, Cousineau) non retrouvées à ce jour, mais mentionnées par Fétis.