Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ
Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ (1739-1822), compositeur méconnu
par Philippe Allain-Dupré (son arrière-arrière-arrière petit-fils)

Documents sur la vie de Jean-Baptiste Allain-Dupré


BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE SCIENCES ET ARTS DE LA SARTHE MENSUEL JUIN 1991

COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 11 MAI

présidence de M. Philippe BOUTON, vice-président

Communication. - Mme Sylvie GRANGER : Une famille de maîtres de danse et de musique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle au Mans: les ALLAIN-DUPRÉ.

Sylvie Granger, professeur agrégée d'Histoire, poursuit des recherches, en vue de l'obtention du doctorat d'Etat, sur les maîtres de danse et de musique au Mans au XVIIIe siècle. Elle en a recensé plus d'une centaine. Elle présente deux d'entre eux : les ALLAIN, père et fils, qui ont ajouté à leur nom le surnom de DUPRÉ peut-être pour faire croire à un lien entre eux et Louis Dupré, né en 1697, danseur réputé de l'Opéra de Paris (son nom est cité dans l'article " chorégraphie " de l'encyclopédie).

Pour reconstituer l'itinéraire de cette famille, Sylvie Granger a dû procéder à de nombreux dépouillements dans les archives notariales. les registres paroissiaux, les rôles d'impôts, les recensements de l'époque révolutionnaire, le premier cadastre...

Pierre ALLAIN-DUPRÉ, le père, est né vers 1700 à Avranches, semble-t-il. A Paris il exerça les fonctions d'huissier à cheval au Châtelet. Il se maria vers 1730. Il s'installa avec sa famille au Mans, dans le quartier Saint-Benoît, vers 1748. Dans les rôles d'impôts, il est dénommé " maître à danser ", " maître d'exercices pour l'éducation de la jeunesse ". En 1757, il publia pour ses élèves, chez Monnoyer, une Méthode pour apprendre de soimême la chorégraphie... (volume de petit format que l'élève danseur tenait dans une main tout en apprenant les pas et dont aucun exemplaire n'a été conservé au Mans) inspirée de l'art de décrire la dance (orthographe d'époque) de Feuillet, célèbre maître de danse de la fin du XVIIè siècle. Le fait que Pierre ALLAIN-DUPRÉ s'en tienne au système Feuillet adapté aux grandes danses et non aux contredanses en vogue au milieu du XVIIIe traduit un certain archaïsme ou reflète la demande de la bonne société mancelle en matière de danses : les grandes danses du temps de Louis XIV. Le maître de danse apparaît comme un maître de maintien, de bonnes manières.

Sa clientèle provenait des familles aisées du Mans (grand négoce et présidial) sans pour autant que les ALLAIN-DUPRÉ soient agrégés à ce milieu social.

Pierre ALLAIN-DUPRÉ finit ses jours en Touraine. A Tours, il vécut chez un de ses fils, organiste. Il mourut à 72 ans chez un autre de ses fils, curé de Véretz.

Pierre ALLAIN-DUPRÉ eut au moins quatre enfants : trois fils et une fille. Un seul des fils devint maître de danse : François-Claude qui demeura de l'âge de 15 ans à sa mort en 1808 au Mans, d'abord dans le quartier Saint-Benoît puis rue des Quatre-Roues. En 1760 il épousa Madeleine Poilpré fille d'un boulanger. Le contrat de mariage établit une communauté de biens partielle entre les époux ; serait-ce le signe d'une méfiance du boulanger, bourgeois, vis-à-vis du maître de danse ?

A propos de François-Claude, on connaît mieux la gestion de ses biens (il vend des terres à Sargé, en achète à Saint-Saturnin pour arrondir un bordage qu'il possédait ; à sa mort il était propriétaire de 23 ha 09) que ses activités dans la danse et la musique. Ses deux fils firent des études de droit.

De nos jours, le flûtiste Philippe Allain-Dupré qui travaille avec des chorégraphes est un descendant de Jean-Baptiste, l'organiste tourangeau du XVIIIe siècle.

 

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